ÉDITORIAL

Prolifération des partis politiques : Un danger potentiel pour la stabilité économique et politique du pays.

 

Faisons les comptes, combien avons-nous de Partis Politiques en Haïti ? Entendez par là une structure avec une adresse, un siège, un numéro postal, un site électronique, une devise, une bannière, un projet écrit,…

Aussi un programme de fonctionnement avec assemblée générale à date fixe et élections pour le renouvellement des membres du directoire selon les performances lors des rendez-vous électoraux, selon les idées véhiculées, selon les prises de position dans les grands débats et les questions d’intérêts nationaux.

Existe-t-il un parmi eux qui réponde à ces critères dans l’environnement politique actuelle ? La question est lancée…

Cependant, les partis politiques véritables poumons de la vie démocratique, n’occupent qu’une place marginale dans les modèles d’économie politique, alors que leur fonctionnement exemplaire représente un modèle de gouvernance susceptible d’influencer de façon positive tant la situation politique qu’économique d’un pays.

« De même que la famille est le socle de la société, de même aussi le Parti Politique est le socle de la Gouvernance et de l’État de Droit ».

Un parti politique représente un groupe de citoyen qui partage des points communs, un certain nombre d’idées et un programme d’action d’où il s’efforce d’amener la réalisation en faisant élire des candidats aux élections.

Pour fonctionner la démocratie à besoin des Partis Politiques ; nous faisons référence à nos explications citées plus haut ; est-ce pourquoi nous formulons de sérieuses réserves sur le constat alarmant du nombre de Partis Politiques qui fonctionnent à partir d’un décret ou 20 personnes sont le nombre de membres exigés pour la création d’un parti. La poussée inflationniste constatée au pays et en règle générale cette déficience au niveau du leadership, de projets novateurs, de nouveaux paradigmes ne devrait étonner personne. On oserait dire pour pousser le cynisme qu’il existe autant de problèmes que de Partis Politiques en Haïti.

Attention, si un seul parti peut être la dictature c’est aussi vrai que le multipartisme n’est pas automatiquement la démocratie, un phénomène qu’on observe surtout dans les pays pauvres.

Cet engouement pour la multiplication démesurée des partis politiques soulève bien des interrogations : détermination des haïtiens en vue de prendre en main leur destin en participant à l’animation du débat politique ? Stratégie des grands partis pour polluer l’espace politique à travers la multiplication de partis satellites pour ensuite mener les débats par procuration ? Ou juste l’appât du gain suscité par la loi électorale « bonbon » ou des Partis bénéficieront de financements au prorata des listes présentées uniquement ?

Dans ce sens, le budget annuel qui prévoit cette année 500 millions de gourdes pour le financement des partis politiques ne fera qu’empirer les choses. Faites votre conclusion.

Si le rôle d’un parti politique dans la démocratie est comparable à ce que le sel représente pour la cuisine, il faut garder en tête aussi que le sel ne saurait être un repas à lui tout seul ; c’est-à-dire, un surplus des partis politique peut devenir un Véritable Danger pour la Santé de la Démocratie. Donc si pour certains ce regain des partis politiques en Haïti traduit une vitalité démocratique, d‘un autre coté ça frôle l’indécence et cette profusion fausse la lecture du paysage politique nationale.

À commencer par l’adhésion des citoyens à une idéologie propre quand 10, 20, 50 groupuscules ânonnent les mêmes refrains. Résultat, une cacophonie, une anarchie qui déstabilise le citoyen, complique la mobilisation de vrais militants, diversifie, éparpille le vote pour une vraie cause nationale.

Sans oublier l’absence de sentiment d’appartenance et d’engagement à une formation politique ; ainsi les attributions de privilèges priment sur la conviction politique basée sur un projet de société juste et équitable. Et comme disait Daniel Confland : en politique l’opportuniste ne retourne pas sa veste, il change seulement de badge.

Le partage du butin, du gâteau se fait toujours au lendemain des élections, lorsque les élus vendent leurs votes au plus offrants et non ne consolident pas les convictions du groupe sur lequel ils ont fait campagne.

Et comme aucune compétence, aucun diplôme ne sont exigés, on assistera de plus en plus à une insuffisance chronique en ressources humaines qualifiées qui constituent pourtant l’élément le plus important d’une formation politique. Vous allez constater des lacunes quant à leur capacité de faire des propositions dynamiques, vue l’absence de cadres pouvant alimenter les réflexions au sommet.

On assistera à un nouveau phénomène à savoir les « mini – partis – politiques « qui n’ont pas les moyens financiers et qui deviennent des formations unipersonnelles et sectaires.

Vous comprenez facilement pourquoi les formations politiques sont frappés de plein fouet par la nomadisme politique de façon continuelle. En résumé, les dirigeants seront de plus en plus incompétents, les partis n’auront pas de programme et il y aura un risque élevé pour la consolidation de l’unité nationale et la stabilité du pays, car il y a des soient disant leaders qui ne seront jamais élus et ceci à aucun poste.

Ainsi, le Phénomène de Transition permanente dans le pays trouve toute sa quintessence, car elle constitue le seul moyen d’obtenir un poste lors de la formation d’un gouvernement provisoire et c’est ce qui explique le taux de corrélations élevées

Entre la corruption et les gouvernements de transition.

Et si on n’accepte pas de limiter le nombre de Partis Politiques et si on ne se met pas d’accord sur le résultat des urnes pour déterminer le chef de l’opposition en lieu et place de cette meute de Chefs de l’Opposition, (un autre crime de trop contre le climat politique), le pays fera toujours face à une éternelle instabilité politique.

 

 

Darneley Gazemar

Msc Finances,

DESS en lutte contre la criminalité financière (en cours)

P.S: L’image d’illustration représente un échantillon de Partis politiques en Haïti. Selon les recherches Google qui n’est pas à jour, on enregistre près d’une centaine de Partis politiques reconnus et une trentaine enregistrés et non reconnus depuis l’année 2005. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.